Le 9ᵉ congrès extraordinaire électif du PDCI-RDA a tourné à la démonstration de force pour Tidjane Thiam.
Réélu avec 99,77 % des voix, l’ancien président du parti signe un retour spectaculaire à la tête de la formation fondée par Félix Houphouët-Boigny, seulement trois jours après avoir annoncé sa démission.
Rien ne semblait pourtant joué d’avance. Le congrès lui-même avait failli être suspendu à la dernière minute.
Une tentative d’annulation échoue devant la justice
Quelques heures avant le début du congrès électif, le PDCI-RDA a été assigné en référé d'heure à heure par Marien Judith Kouamé, enseignant et militant du parti à Sipilou.
Représenté par l’avocat Maître Lassomann Diomandé du cabinet Lexways, connu pour avoir défendu Jean-Louis Billon lors d’un précédent conflit interne, le plaignant réclamait la suspension du congrès pour contester sa régularité.
Mais la justice a tranché sans ambiguïté : la requête a été jugée irrecevable.
Ce rejet a levé le dernier obstacle juridique à la tenue de l’événement, offrant un boulevard à Thiam pour reconquérir la présidence.
Une mobilisation exceptionnelle des délégués
Les chiffres du vote confirment une adhésion massive à la candidature unique de Tidjane Thiam.
Sur 5.622 inscrits, 5.211 ont voté, soit un taux de participation de 92,69 %.
Après déduction des 9 bulletins nuls et des 12 bulletins blancs, 5.202 suffrages exprimés ont été comptabilisés.
Thiam a obtenu 5.190 voix, soit 99,77 %, laissant à peine 12 voix à d'éventuels bulletins contestataires ou de rejet. Une victoire quasi unanime.
Un retour express après une démission choc
Le 11 mai 2025, Tidjane Thiam annonçait sa démission surprise de la présidence du parti.
Officiellement, il évoquait le harcèlement judiciaire dont il se disait victime, alors que sa nationalité ivoirienne faisait l’objet de controverses.
Radié des listes électorales, il ne pouvait plus se présenter à l’élection présidentielle prévue en octobre.
Sa présidence était en outre contestée en justice par la militante Valérie Yapo.
Dans un apparent geste d’apaisement, il cédait temporairement les rênes à Ernest N’Koumo Mobio, le doyen du bureau politique. Mais cette parenthèse n’aura duré que trois jours.
Une nouvelle légitimité pour un parti en reconstruction
Ce congrès marque une étape cruciale pour le PDCI-RDA, qui tente de maintenir son unité à quelques mois de l’échéance présidentielle.
Si Thiam reste pour l’instant écarté de la course au sommet de l’État, sa réélection écrasante confirme son emprise sur l’appareil du parti.
Il lui reste à transformer cette force interne en puissance électorale, dans un paysage politique ivoirien en pleine recomposition.