Côte d'Ivoire: Tidjane Thiam refuse d'être comparé à Alassane Ouattara
- Towanou Johannes
- Jul 29
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Dans un entretien exclusif accordé à Alain Foka sur AFO Média, le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, est sorti de sa réserve. Face aux polémiques internes et aux attaques politiques, il a livré un discours de fermeté, de clarification et de vision pour la Côte d’Ivoire.
“Le PDCI est derrière moi, pas Billon”
D’entrée, le président Thiam a tenu à mettre fin aux spéculations sur des dissensions internes :
« Billon faisait campagne contre moi tout ce temps... Le PDCI est uni derrière moi et veut que je sois président de la République, pas M. Billon. Il peut être candidat s'il le veut… »
Sans détours, il ajoute :
« Je n'ai jamais voulu parler de Billon. Pour moi, c'est quelqu'un qui ne se comporte pas en adulte responsable… Ahoua Don Melo a dirigé le BNETD après moi. Il a réalisé des choses pour la Côte d'Ivoire. Don Melo ce n’est pas Billon… Moi, je parle toujours des faits, pas d’héritiers. »
“Infiltrations, patriotes et injustice”
Tidjane Thiam évoque également les pressions extérieures et les tentatives de déstabilisation du PDCI :
« À chaque fois, il y a eu des tentatives d'infiltration dans nos manifestations… Vous savez, il y a beaucoup de patriotes en Côte d'Ivoire. Vous seriez surpris de voir dans mon téléphone combien de rapports nous avons de policiers, de militaires qui nous renseignent… L'Ivoirien n'aime pas l'injustice. Ils estiment que le PDCI-RDA et son président sont victimes d’injustices… »
Une confidence qui illustre une tension palpable dans le paysage politique actuel et un soutien populaire insoupçonné à son égard.
Il révèle d’ailleurs l’hostilité que sa candidature a pu susciter dans les hautes sphères du pouvoir :
« Quelqu’un (une voix autorisée) a dit à mon frère Augustin (qui est au RHDP) : Si ton frère (Tidjane Thiam) met les pieds en Côte d’Ivoire, il sera immédiatement arrêté. »
Un avertissement lourd de sens, révélateur des menaces voilées autour de son retour sur la scène politique nationale.
Un projet de réforme constitutionnelle radical
L’ancien patron du Crédit Suisse a aussi proposé une réforme de fond concernant les mandats présidentiels :
« Une fois élu, je vais proposer une réforme constitutionnelle où on dira qu'au cours d'une vie humaine, de la naissance jusqu'à la mort, aucun être humain ne peut faire plus de deux mandats, qu'ils soient séparés ou successifs. Et on dira que si par extraordinaire il y a résurrection, il faudra qu'elle soit constatée par une équipe de médecins neutres, parce qu'il y en a qui vont dire : “oui d'accord, mais je suis mort et je suis revenu à la vie”, on connaît leur imagination… »
Derrière l’humour pince-sans-rire, une critique à peine voilée d’un troisième mandat et de ses dérives.
Une clarification face à la comparaison avec Ouattara
À ceux qui cherchent à le comparer à l’actuel président, Tidjane Thiam répond avec fermeté :
« Le président Alassane Ouattara et moi n’avons pas le même parcours professionnel. Il était fonctionnaire international au FMI, moi, j’évoluais dans le secteur privé. Au FMI, on est payé environ 400 000 dollars par an. Un PDG d’une entreprise du classement Fortune, c’est plutôt 10 millions de dollars par an. Ce n’est pas comparable. »
Il ajoute une révélation personnelle qui éclaire davantage leurs échanges :
« En août 2022, lorsque je lui ai fait part de mon intention d’être candidat à l’élection présidentielle, le président Alassane Ouattara m’a affirmé qu’il ne se présenterait plus.Je lui ai dit : “Si vous êtes candidat, je ne le serai pas.”Il m’a répondu : “Moi, j’ai fini. Je m’en vais. Je ne serai pas candidat.” »
Une manière de rappeler l’étendue de son expérience, mais aussi d’interroger la parole donnée au sommet de l’État.
“Le temps colonial est terminé”
Revenant sur son passage à la tête du BNETD, Thiam souligne une prise de décision audacieuse :
« Quand j'ai été nommé à la tête du BNETD, il y avait 150 expatriés français sur 4000 employés. Et les 150 faisaient la moitié de la masse salariale… Je leur ai dit que le temps colonial est terminé… Ça sera le contrat local pour tout le monde. Et 141 expatriés ont refusé, je les ai licenciés… J’ai toujours été pro-Côte d’Ivoire. »
Une mesure forte, symbolique de son engagement pour une gouvernance nationale souveraine et équitable.
“Pourquoi tant de haine ?”
Dans un ton plus personnel, Tidjane Thiam s’interroge sur la virulence de certaines attaques dont il est la cible :
« Quel tort je peux faire à la Côte d’Ivoire pour que je sois combattu ? Depuis 18 mois, je suis injurié avec cet imbécile de Arthur Banga qui passe son temps à m'injurier tous les dimanches sur NCI. »
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