En juin 2023, Kylian Mbappé a versé 180 300 euros à cinq policiers de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) chargés de la sécurité de l’équipe de France. Ce geste, révélateur de la reconnaissance qu’il éprouve envers les agents qui l’ont accompagné durant ses déplacements avec les Bleus, s’est toutefois transformé en affaire administrative. Selon Le Canard Enchaîné, quatre brigadiers-chefs ont perçu 30 000 euros chacun, tandis que le commandant du groupe a touché 60 300 euros. Les paiements ont été effectués par chèque personnel, daté du 19 juin 2023, depuis un compte bancaire au nom du joueur.
Une générosité qui intrigue les autorités
L’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN), surnommée "la police des polices", a ouvert une enquête administrative pour faire toute la lumière sur les dessous de cette donation.
Officiellement, il s’agit de vérifier si les versements sont compatibles avec la déontologie des agents publics.
Parmi les points soulevés figure notamment le rôle du commandant, qui aurait accompagné Kylian Mbappé lors de certains voyages personnels (au Cameroun ou dans le Vaucluse), en dehors de toute mission officielle.
Ces éléments pourraient constituer un manquement aux règles de probité imposées aux forces de l’ordre.
Mbappé se défend : un don "d’usage" conforme à la loi
Face aux interrogations, Kylian Mbappé a transmis une attestation expliquant la démarche.
Il affirme avoir voulu redistribuer une partie de sa prime de Coupe du monde 2022, dans un esprit de reconnaissance.
Il évoque également d’autres dons similaires faits à des associations comme Premiers de Cordée.
Soucieux de respecter la législation, le capitaine des Bleus indique avoir consulté un avocat fiscaliste, qui l’a rassuré : ces donations seraient considérées comme des "dons d’usage", non soumis à déclaration, à condition qu’ils restent exceptionnels et désintéressés.
L’IGPN veut trancher : reconnaissance ou zone grise ?
Même si la sincérité du joueur ne fait guère de doute, l’enquête devra déterminer si ces sommes ont pu altérer l’impartialité ou le comportement des agents concernés.
Le caractère exceptionnel de la démarche ne suffit pas à écarter les doutes sur un potentiel traitement de faveur ou sur une confusion entre cadre privé et devoir public.
Pour l’heure, aucun des policiers n’a été sanctionné. Mais le simple fait que l’IGPN se saisisse de l’affaire souligne l’embarras des autorités face à une situation aussi inédite qu’inconfortable.
Une affaire symptomatique d’une époque ?
Ce dossier pose une question plus large : les stars peuvent-elles gratifier des agents de l’État sans créer un malaise institutionnel ?
La générosité de Mbappé, louée dans de nombreux domaines, se heurte ici aux limites du service public.
À l’heure où les questions d’éthique, de transparence et de neutralité de l’État sont scrutées à la loupe, cette affaire pourrait bien faire jurisprudence. La balle est désormais dans le camp de l’IGPN.
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