En République démocratique du Congo, une ligne de fracture se dessine entre l’État et l’Église catholique autour d’un sujet sensible : la poursuite de la scolarité des jeunes filles enceintes. Alors que le ministère de l’Éducation nationale encourage leur maintien à l’école, l’Église catholique campe sur une position plus stricte : ces élèves ne sont pas les bienvenues dans ses établissements scolaires.
L’Église reste ferme : priorité à la morale et à la discipline
Dans une lettre adressée à ses structures éducatives à travers le pays, la Commission Épiscopale pour l’Éducation Chrétienne a réaffirmé une interdiction formelle : aucune fille enceinte ne sera admise ni maintenue dans les écoles conventionnées catholiques.
L’abbé Emmanuel Bashiki, directeur de la commission, a rappelé que cette directive est conforme à l’article 5 de la convention signée avec l’État congolais, lequel insiste sur le respect des normes morales et disciplinaires dans ces écoles.
« Le ministère est pleinement conscient que sa mesure ne s’adresse pas à nous, puisqu’aucune copie ne nous a été réservée », indique le courrier officiel, envoyé également à la Première ministre Judith Suminwa et au secrétaire général du ministère de l’Éducation.
L’appel du gouvernement ignoré
Le ministère de l’Éducation nationale avait pourtant récemment diffusé une note circulaire appelant à la réintégration des élèves enceintes dans le système éducatif.
Une démarche inspirée des principes d’inclusion et de non-discrimination prônés.
Une approche qui s’inscrit dans une vision plus large des droits à l’éducation pour tous, notamment dans un contexte où les grossesses précoces restent fréquentes en milieu scolaire.
Mais pour l’Église catholique, qui gère un vaste réseau d’écoles à travers la RDC, cette initiative ne saurait supplanter les valeurs chrétiennes de moralité et de discipline qui fondent l'identité de ses établissements.
Une solution proposée… en dehors des écoles catholiques
Tout en maintenant son refus, l’Église affirme ne pas rejeter ces jeunes filles.
Elle préconise leur orientation vers d’autres structures éducatives, dans un « esprit de charité », mais en dehors du cadre de ses écoles conventionnées.
Une manière de déléguer la responsabilité tout en restant fidèle à ses principes.
Un débat aux répercussions profondes
Ce positionnement ouvre un débat plus large sur la place des valeurs religieuses dans l’espace public.
Mais aussi sur le rôle que doivent jouer les institutions confessionnelles face aux politiques éducatives nationales.
À l’heure où la RDC cherche à renforcer l’accès à l’éducation pour tous, cette opposition de principe pourrait avoir des conséquences concrètes.
Ceci, sur la scolarité de nombreuses adolescentes, mais aussi sur les relations entre l’État et l’Église, deux piliers majeurs de la société congolaise.
La question reste posée : entre rigueur morale et droit à l’éducation, où placer le curseur ?
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