L’ancien Premier ministre du Mali, Choguel Kokalla Maïga, est désormais au cœur d’une tempête politico-financière. Le Bureau du Vérificateur Général (BVG), dans plusieurs rapports récents, a mis en lumière des irrégularités majeures portant sur la gestion de fonds publics entre 2020 et 2023. En tout, ce sont plus de 20 milliards de francs CFA qui auraient été versés de manière douteuse via l’Agence de Gestion du Fonds d’Accès Universel (AGEFAU) au Trésor public malien. Ce vaste mouvement de fonds est désormais entre les mains de la Cour suprême, qui doit trancher sur la suite judiciaire à donner à l’affaire.
Dépenses suspectes et gestion trouble
Les investigations du BVG pointent du doigt des dépenses jugées "non justifiées", notamment des missions, des abonnements et l’acquisition de matériel divers.
Une partie de ces dépenses aurait été effectuée sans base contractuelle ni justificatifs suffisants, ce qui jette le doute sur la rigueur comptable de l’administration Maïga pendant la période concernée.
L’AGEFAU, organisme public chargé de la facilitation de l’accès aux services de télécommunication, est au centre de cette affaire.
Sa gestion entre 2020 et 2023, époque durant laquelle Choguel Maïga occupait de hautes fonctions gouvernementales, fait aujourd’hui l’objet d’un examen minutieux.
Un parfum de règlement de comptes ?
Face à cette avalanche d’accusations, Choguel Maïga ne s’avoue pas vaincu.
Dans une déclaration relayée par ses proches, il dénonce une « manœuvre politique destinée à l’écarter du débat national ».
L’ancien chef du gouvernement, qui a longtemps incarné une ligne dure contre les anciennes pratiques de l’élite malienne, voit dans cette enquête un retour de flamme orchestré par ses adversaires.
Ce n’est pas la première fois que Choguel Maïga fait face à des tensions politiques depuis la fin de sa mission à la primature.
Figure emblématique du Mouvement du 5 Juin (M5-RFP), il a souvent été à la croisée des lignes entre opposition et transition.
Aujourd’hui, ses soutiens crient à l’acharnement, tandis que ses détracteurs réclament justice.
Une Cour suprême sous pression
Le dossier désormais transmis à la Cour suprême est très attendu.
Dans un contexte où les autorités maliennes promettent la rigueur et la transparence, cette affaire pourrait devenir un test décisif de l’indépendance de la justice malienne.
Pour beaucoup, il ne s’agit pas seulement de juger un ancien Premier ministre, mais de mesurer le degré de rupture avec les pratiques anciennes.
La population, elle, suit l’affaire avec attention, entre scepticisme et espoir de voir enfin les comptes publics gérés avec exemplarité.
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