Au Mali, le président de la transition, le Général Assimi Goïta, a décidé de suspendre toutes les activités des partis politiques et des associations à caractère politique, invoquant des raisons d’ordre public. Cette décision intervient dans un contexte de contestation croissante, alors qu’une grande manifestation était annoncée pour le vendredi 9 mai.
Une suspension brutale
C’est un décret présidentiel qui a officiellement acté la suspension. Publié dans un climat politique déjà tendu, il annonce que les partis et associations politiques sont suspendus jusqu’à nouvel ordre, et ce, au nom de l’ordre public.
Cette mesure intervient au moment même où une coalition politique composée d’une centaine de partis appelait à manifester, exigeant la fin de la transition militaire d’ici le 31 décembre 2025 et un retour à l’ordre constitutionnel.
Cette coalition devait se mobiliser le vendredi 9 mai dans les rues de Bamako, une initiative perçue comme une montée en puissance de l’opposition face à la junte.
Une réponse directe à la mobilisation du 3 mai
Déjà le 3 mai, plusieurs centaines de manifestants s’étaient rassemblés à Bamako pour exprimer leur rejet d’un projet de dissolution des partis politiques.
Ce rassemblement avait été organisé par une coalition regroupant une centaine de formations politiques, déterminées à faire entendre leur voix face aux décisions unilatérales des autorités de transition.
Les manifestants avaient scandé des slogans en faveur de la démocratie, réclamant la tenue d’élections et un calendrier clair pour la fin de la transition militaire.
Ils exigeaient que les engagements pris soient tenus et que le 31 décembre 2025 marque effectivement le retour à un régime civil et constitutionnel.
La réaction des autorités n’a pas tardé. Plutôt que de dialoguer, le pouvoir a choisi de couper court à toute organisation politique, en imposant un gel total des activités partisanes.
Une transition sous tension
La décision du colonel Goïta est la dernière d’une série de mesures qui traduisent un durcissement du régime militaire en place depuis août 2021.
En s’attaquant aux partis politiques, la junte confirme qu’elle entend maîtriser à tout prix le calendrier et les modalités de la transition, sans s’encombrer d’un pluralisme jugé dérangeant.
Les autorités militaires semblent vouloir clairement verrouiller l’espace politique, limitant ainsi la capacité d’organisation et d’expression des opposants.
Vers une confrontation ?
En suspendant les partis, Goïta ne met pas fin au débat politique : il le déplace. Car même réduite au silence institutionnel, l’opposition reste mobilisée.
La manifestation du 3 mai, malgré un contexte sécuritaire tendu, a prouvé que la population reste attachée à la démocratie et au multipartisme.
Les appels à la mobilisation pour le 9 mai n’ont pas été annulés, malgré la suspension décrétée.
Si la junte espérait désamorcer la contestation par la force juridique, elle pourrait bien assister à une résurgence des manifestations dans la rue, où les partis trouveront d’autres moyens de faire entendre leur voix.
Une décision qui inquiète
Ce décret montre que la junte redoute désormais toute forme d’organisation politique indépendante, ce qui pourrait être interprété comme un aveu de crainte face à la montée de la contestation populaire.
En décidant de suspendre les partis et les associations politiques à la veille d’une mobilisation nationale, Assimi Goïta prend le risque d’un bras de fer frontal avec une opposition désormais déterminée à ne plus se taire.
La démocratie malienne, déjà mise entre parenthèses, semble aujourd’hui reléguée aux marges du débat. Le peuple malien acceptera-t-il cette mise à l’écart prolongée ?
Comentários