Lundi 23 juin 2025, à Dijon en France, Sonia Annick Agbantou a quitté ce monde à l’âge de 39 ans.
Fondatrice de Sonia TV et figure influente du digital béninois, elle s’est éteinte de manière subite, provoquant une onde de choc au sein de la diaspora comme au Bénin.
Si les rumeurs ont rapidement enflammé la toile, les résultats d’autopsie ont fini par trancher : décès de cause naturelle.
Une information confirmée par plusieurs proches de la défunte, dont Habib Ahandessi, qui souligne que les analyses effectuées par le laboratoire médico-légal en France n’ont révélé aucun élément criminel ou toxique.
Une mort instrumentalisée
Mais alors que les faits médicaux sont clairs, les réactions dans l’espace public, notamment au Bénin, ont pris une tournure inattendue.
La disparition de Sonia a été détournée de sa réalité intime pour devenir le théâtre d’un règlement de comptes religieux.
Sur les réseaux sociaux, notamment sur Tik Tok, des voix ont tenté d’expliquer sa mort par ses convictions spirituelles, en lien avec sa conversion au Vodun, rendue publique récemment, et dont elle était devenue prêtresse et militante convaincue.
Ces insinuations ont relancé une vieille mécanique de stigmatisation du culte Vodun, accusé à tort de provoquer la maladie, la mort ou le malheur.
Comme souvent, dans l’absence de causes visibles ou de coupable désigné, la peur de l’invisible devient une explication commode.
Pourtant, les faits sont têtus : Sonia Agbantou n’a pas été fauchée par un sort, ni par quelque divinité vengeresse, mais par les aléas imprévisibles de la vie.
Le vrai deuil : celui de la tolérance
Au lieu de respecter le silence du deuil, certains ont préféré ouvrir le procès d’une religion.
Et c’est là que réside la véritable perte collective : l’effritement du respect des croyances plurielles dans une société qui se veut pourtant ouverte.
Sonia Agbantou est morte paisiblement, sans signes avant-coureurs, après une journée banale passée avec des compatriotes en France.
Aucun malaise signalé, aucun trouble physique déclaré. Rien, sinon le choc brutal du lendemain.
Ce drame personnel aurait pu rester ce qu’il est : un moment de douleur et de recueillement pour ses proches.
Au lieu de cela, il a été transformé en tribunal de la foi, où des jugements univoques sont portés sur une femme simplement parce qu’elle avait choisi d’affirmer une spiritualité ancestrale, à contre-courant de certaines normes dominantes.
Mourir libre
Sonia Agbantou est morte debout. Fidèle à ses choix, enracinée dans la culture de ses ancêtres, dans un monde où tant préfèrent se cacher ou se conformer.
Elle est morte sans renier qui elle était. Ce n’est pas une faiblesse, c’est une force. Dans un pays qui célèbre de plus en plus sa mémoire historique et sa richesse identitaire, le respect de la diversité religieuse ne peut plus être une option, encore moins dans les moments de deuil.
La mort n’est ni le terrain d’un prosélytisme déplacé, ni celui d’une guerre symbolique contre les croyances dites « minoritaires ». C’est un rappel de notre humanité partagée.
Sonia Agbantou est partie comme elle a vécu : libre, audacieuse, ancrée. Et cela, aucune polémique ne pourra le gommer.
