Panique au Mali, le groupe paramilitaire Wagner claque la porte

"La mission est terminée. La PMC [société militaire privée] Wagner rentre à la maison."

C’est avec cette formule lapidaire publiée ce 6 juin 2025 sur sa chaîne Telegram officielle que le groupe paramilitaire Wagner a annoncé la fin de sa mission au Mali.

Après plusieurs années d’une présence controversée mais active aux côtés des Forces Armées Maliennes (FAMa), le groupe russe affirme avoir rempli sa tâche :

« Nous avons détruit des milliers de militants et leurs commandants, qui ont terrorisé les civils pendant des années. Nous avons aidé les patriotes locaux à créer une armée forte et disciplinée, capable de protéger leur pays », ajoute le communiqué.

Bilan revendiqué, mais aucune évaluation indépendante

Wagner revendique une offensive décisive contre les groupes djihadistes opérant dans le Sahel.

Il affirme avoir rétabli le contrôle de l'État sur toutes les capitales régionales maliennes.

Mais aucun rapport indépendant ne confirme ces chiffres ou la réalité de ces victoires.

Par ailleurs, l'annonce n’apporte aucune précision sur l’avenir de la branche centrafricaine du groupe, ni sur ses liens avec Africa Corps.

Cette dernière, nouvelle entité paramilitaire affiliée au ministère russe de la Défense est perçue comme une rivale discrète mais stratégique de Wagner sur le continent africain.

Le terrorisme toujours actif dans le pays

L’annonce de Wagner intervient dans un contexte où les attaques terroristes restent fréquentes.

Le 4 juin, soit deux jours avant l’annonce officielle du retrait, les FAMa ont mené une riposte contre une attaque à Tessit (région de Gao), neutralisant 41 terroristes, dont un chef nigérien notoire, Mamoudou Akilou.

Des opérations de sécurisation étaient en cours, illustrant que le cœur du problème persiste.

Malgré les campagnes militaires, de vastes zones rurales échappent encore au contrôle de l’État, notamment dans le nord et le centre du pays.

Et maintenant ? Le vide stratégique qui inquiète

Avec le départ de Wagner, une question fondamentale se pose : le Mali est-il prêt à affronter seul la menace terroriste ?

Les autorités maliennes insistent sur les progrès réalisés par leurs forces armées, mais sur le terrain, la menace reste multiforme, les attaques sont imprévisibles, et les réseaux djihadistes se recomposent rapidement.

La sortie de Wagner pourrait laisser un vide sécuritaire que le seul volontarisme patriotique ne suffira pas à combler.

Pour certains analystes, l’après-Wagner devra s’appuyer sur une coordination renforcée au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), avec le Burkina Faso et le Niger.

Ensuite, il faudrait une restructuration de la doctrine militaire malienne face aux défis asymétriques.

Enfin une réflexion politique de fond sur les causes internes de l’instabilité est nécessaire.

Une victoire tactique… mais une paix encore lointaine

Le départ de Wagner pourrait être lu comme une victoire symbolique pour les autorités maliennes, soucieuses d’affirmer leur souveraineté.

Mais sur le terrain, la lutte est loin d’être terminée. Le défi aujourd’hui n’est plus seulement militaire : il est aussi social, politique et économique.

Le Mali entre ainsi dans une nouvelle phase de son combat contre le terrorisme. Wagner est parti, mais la guerre, elle, continue.

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