Sénégal: après l'attaque de Sonko, Bassirou Diomaye Faye lui répond

Ousmane Sonko / Bassirou Diomaye Faye

Dans une ambiance politique tendue, marquée par des signaux de rupture au sommet de l’État, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a choisi de parler.

Ce lundi 14 juillet, lors de la réception des conclusions du Dialogue national sur le système politique, au Palais de la République, il a lancé un message clair, direct et apaisant, en réponse aux récentes piques lancées publiquement par son Premier ministre, Ousmane Sonko.

« Le Premier ministre Ousmane Sonko est mon ami. Je n’ai aucun conflit avec lui », a affirmé le chef de l’État d’une voix calme mais ferme, comme pour dissiper l’atmosphère électrique qui entoure les relations entre les deux piliers du régime issu de la vague Pastef.

Une réponse présidentielle à la colère du Premier Ministre

Ce geste de clarification intervient après plusieurs signes publics de tension.

D’abord, cette déclaration tranchante de Sonko :

« S’il pense que je ne peux plus être Premier ministre, qu’il me le dise clairement et qu’il me renvoie. » 

Puis, plus récemment, son absence remarquée à l’accueil du président de retour des États-Unis, un geste symbolique perçu comme un désaveu.

Face à cela, Diomaye a choisi la tempérance. Il n’a pas répondu par la confrontation, mais par une main tendue.

Un message aux Sénégalais et à son propre gouvernement : les priorités doivent rester nationales, pas personnelles.

L’appel à la responsabilité collective

Au-delà des mots sur Sonko, le président a recentré le débat sur l’essentiel :

« Le seul combat qui vaille, c’est le combat contre les difficultés que les Sénégalais endurent, que nous-mêmes endurons en tant que dirigeants, confrontés à un héritage difficile. »

Une manière de rappeler que les querelles de pouvoir sont dérisoires face à la détresse économique, au chômage, à la précarité, et à la soif de justice qui ont porté le tandem au pouvoir.

Le peuple sénégalais n’a pas élu une équipe pour s’observer en chiens de faïence.

Il a voté pour le changement. Et Diomaye semble bien décidé à ne pas se laisser distraire par les turbulences internes.

Le coup d’éclat de Sonko, entre stratégie et frustration

Si Ousmane Sonko a haussé le ton ces derniers jours, ce n’est pas anodin. Le Premier ministre, figure charismatique du Pastef, se sent à l’étroit dans une fonction qui ne lui laisse pas les coudées franches.

Il réclame plus d’autonomie, plus d’actions concrètes, et peut-être aussi, une reconnaissance plus claire de son rôle central dans l’ascension du projet Diomaye.

Mais la politique a ses logiques propres. Une fois élu, le président devient seul maître à bord.

Et cette verticalité du pouvoir peut vite transformer les anciens compagnons de lutte en acteurs rivaux, même sans l’intention de nuire.

Un duo à l’épreuve du pouvoir

La sortie du président n’éteindra pas forcément toutes les tensions. Mais elle pose un cadre : le refus de l’escalade.

L’affirmation d’un cap républicain. Et l’espoir, encore, d’un tandem capable de dépasser ses désaccords au nom de l’intérêt national.

Ce n’est pas encore la rupture, mais le temps presse. Car si les querelles internes prennent le pas sur les engagements pris devant le peuple, alors la promesse de gouvernance nouvelle risque de s’effondrer dans les mêmes travers que les régimes précédents.

En tendant la main à Sonko publiquement, Bassirou Diomaye Faye joue la carte de l’apaisement.

Reste à savoir si son Premier ministre y répondra avec la même hauteur de vue.

Car dans cette épreuve de vérité, ce n’est pas seulement leur relation qui est en jeu. C’est toute la cohérence du projet porté par le Pastef qui vacille.

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