Une femme condamnée pour vente de produits pour grossir les fesses

Le business de la beauté extrême vient de rattraper une de ses figures les plus en vue au Sénégal. Ndoumbé Sèye, plus connue sur les réseaux sociaux sous le nom de “Barbishseye”, a été condamnée ce mardi 24 juin 2025 à deux ans de prison, dont trois mois ferme, par le tribunal des flagrants délits de Dakar.

Une influenceuse piégée par sa propre publicité

Âgée de 26 ans, résidant à Rufisque, "Barbishseye" a bâti sa notoriété sur TikTok et Facebook grâce à la promotion de produits censés augmenter le volume des fesses et affiner la taille.

Mais une vidéo virale montrant l’une de ses démonstrations commerciales a alerté la Division Spéciale de Cybercriminalité (DSC), qui a rapidement ouvert une enquête.

Les investigations ont mené les enquêteurs jusqu’à Grand Mbao-SIPRES, où la commerçante a été interpellée.

Son téléphone portable, passé au crible, a révélé un réseau bien rodé de vente de produits non homologués, en provenance d’une fournisseuse basée à Abidjan.

Produits saisis et substances dangereuses

La perquisition a permis de saisir une liste inquiétante de produits :

• Crèmes “Basevita Plus”,

• Huiles “Bobaraba”,

• Poudres “Ultimate” et “Curves”,

• Injections de vitamine B12, C et dexaméthasone,

• Compléments alimentaires non autorisés,

• Extraits végétaux non identifiés.

Aucun de ces produits n’était déclaré auprès des autorités sanitaires, et aucune facture ni autorisation de vente n’a pu être fournie.

Un trafic transfrontalier aux racines opaques

L’enquête n’a pas permis d’identifier formellement la fournisseuse ivoirienne, pourtant bien active sur Facebook.

La jeune femme, à la barre, a plaidé l’ignorance et demandé la clémence :

“Je ne savais pas que ces produits étaient interdits. Je les ai achetés sur Facebook comme tout le monde.”

Le tribunal, peu sensible à cet argument, a estimé que la mise en danger de la santé publique était avérée.

Ceci, d’autant que Ndoumbé Sèye proposait parfois des injections à ses clientes sans aucune compétence médicale.

Une condamnation symbolique mais insuffisante ?

Si la peine de trois mois ferme semble légère au regard des faits, elle marque un précédent judiciaire important dans la lutte contre le trafic de produits cosmétiques non réglementés.

De plus en plus de jeunes femmes, influencées par les standards esthétiques véhiculés sur les réseaux sociaux, se ruent sur des substances aux effets incertains, voire dangereux, voire mortels.

Les autorités sénégalaises, tout comme d’autres pays africains, sont confrontées à un véritable défi de santé publique.

Le business des “fesses parfaites”, un fléau en expansion

La condamnation de Barbishseye intervient dans un contexte où plusieurs "vendeuses en ligne" de produits corporels ont déjà été interpellées.

Cette affaire met une fois de plus en lumière les dérives de l’esthétique facile et du commerce numérique incontrôlé, qui cible principalement des jeunes filles en quête de perfection physique.

Au-delà de la condamnation, c’est toute une industrie parallèle qui prospère dans l’ombre des réseaux sociaux.

Un monde où l’apparence prime, où la santé est reléguée au second plan, et où l’ignorance des dangers chimiques coûte parfois la vie.

Avec l'affaire Barbishseye, la justice sénégalaise lance un message clair : la santé publique ne se négocie pas sur TikTok.

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