Alima Sow alias "Alima Suppo" / vendeuse de produits pour grossir fesses et seins
C'est une affaire qui fait grand bruit. Le tribunal de Pikine-Guédiawaye au Sénégal est le théâtre d’un procès qui secoue le monde de l’entrepreneuriat cosmétique en Afrique.
Alima Sow, alias "Alima Suppo", et six autres accusés comparaissent pour vente illégale de produits pharmaceutiques, mise en danger de la vie d’autrui, exercice illégal de la profession de pharmacien, association de malfaiteurs et publicité de produits illicites.
Leur activité : la vente de suppositoires censés augmenter le volume des fesses et des seins.
Le parquet a requis des peines sévères : trois ans de prison ferme contre Alima Sow, deux ans contre certaines de ses collaboratrices, et un an ferme contre les autres accusés.
En plus de ces sanctions, des amendes allant jusqu’à 300 000 FCFA ont été demandées.
Selon le procureur, ces entrepreneurs clandestins ont exposé leurs clients à un "risque immédiat de mort".
Un business florissant… mais illégal
L'affaire Alima Sow illustre un phénomène grandissant en Afrique de l’Ouest : la prolifération de produits cosmétiques non homologués, vendus sans contrôle ni encadrement médical.
De nombreuses boutiques, comme celles de Sow et de ses coaccusées, prospèrent en vendant des produits aux effets supposément "miraculeux", sans en mesurer les dangers pour la santé publique.
Le Sénégal n’est pas un cas isolé. Partout en Afrique de l’Ouest, des individus sans qualifications médicales concoctent et commercialisent des produits pour blanchir la peau, augmenter le volume des fesses ou des seins, et même modifier certaines caractéristiques physiques.
Ces substances, souvent fabriquées dans des conditions douteuses, sont vendues sur les marchés, sur les réseaux sociaux et parfois même livrées à domicile.
L’exemple du Bénin : une tentative d’encadrement
Contrairement à d’autres pays de la région, le Bénin a pris des mesures strictes pour contrôler l’importation et la distribution des cosmétiques.
Depuis un arrêté du 18 janvier 2022, tout produit cosmétique vendu sur le marché béninois doit obtenir une autorisation de l’Agence Béninoise de Régulation Pharmaceutique.
L’objectif : protéger les consommateurs contre les effets secondaires graves de substances nocives.
Le gouvernement béninois a même lancé une traque contre les vendeurs non autorisés, exigeant leur mise en conformité sous peine de sanctions.
Cette initiative pourrait servir de modèle à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, où la vente de produits non homologués reste une menace sanitaire majeure.
Une leçon pour l'entrepreneuriat africain
Le procès d'Alima Sow envoie un message clair au Sénégal : le non-respect des normes de sécurité dans le secteur cosmétique ne sera plus toléré.
Ce cas met en lumière la nécessité d’une réglementation stricte et d’un contrôle accru pour éviter que des entrepreneurs peu scrupuleux ne mettent la vie des consommateurs en danger.
Pour les jeunes entrepreneurs africains, cette affaire doit être un signal d’alarme.
L'innovation dans le domaine de la beauté est une opportunité économique, mais elle ne doit pas se faire au détriment de la santé publique.
Il est impératif que ceux qui veulent évoluer dans ce secteur se forment, respectent les réglementations en vigueur et mettent sur le marché des produits testés et approuvés par les autorités sanitaires compétentes.
Le procès d'Alima Sow est plus qu’un simple fait divers : il pourrait marquer un tournant dans la lutte contre le commerce illégal de produits cosmétiques en Afrique de l’Ouest.
Il est urgent que les gouvernements renforcent les contrôles, les sanctions, mais aussi la sensibilisation des consommateurs pour éradiquer ces pratiques dangereuses.
L'Afrique ne peut pas sacrifier la santé de sa population sur l’autel de la beauté artificielle et des profits rapides.
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