Bénin : Maître Adrien Houngbedji tacle le Président Patrice Talon
- Towanou Johannes
- Apr 15
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Dans une prise de parole marquante au Sommet de la Jeunesse Béninoise, Me Adrien Houngbédji, figure emblématique de la vie politique nationale, a livré une critique sans détour de l’état actuel de la démocratie au Bénin. À 83 ans, l’ancien président de l’Assemblée nationale n’a pas mâché ses mots : entre plaidoyer pour des élections inclusives et interpellation sur le sort des prisonniers politiques, sa sortie interpelle autant qu’elle interroge.
Un regard lucide sur 35 ans d’histoire politique
Le thème du panel auquel il participait, « L’histoire politique du Bénin, 35 ans après la Conférence des forces vives de la Nation : quel regard de 1990 à ce jour ? » posait les bases d’un exercice de mémoire critique.

Il ne s’agissait pas de replonger dans le passé par nostalgie, mais de comprendre l’héritage démocratique, institutionnel et politique de 1990.
Ceci, afin de mieux définir la place de la jeunesse dans sa refondation ou sa continuité.
Relecture urgente du Code électoral
Devant un public attentif, Me Houngbédji a lancé un appel fort pour une réforme du cadre électoral, en évoquant les législatives exclusives de 2019 :
« Laissez tout le monde être candidat. En 2019, nous avons fait des élections wahala. »
Ce rappel d’une séquence douloureuse de l’histoire politique récente du Bénin s’est accompagné d’un plaidoyer clair :
« Prônons pour des mesures applicables à tout le monde pour éviter des crises. Il faut forcément que l'opposition aille aux élections. Il n'y a pas de démocratie sans opposition. »
Prisonniers politiques : un appel à la révolte morale
Mais c’est une autre phrase, inattendue, qui a suscité une vive attention :
« Quand vous êtes prisonnier politique, le premier devoir c’est de vous évader. »
Cette déclaration-choc, aux accents de provocation assumée, peut se lire comme un message codé: un appel à la rupture de la résignation, à la reconquête de la liberté politique dans un climat où les voix dissidentes sont encore trop souvent étouffées.
Une parole libre, un message fort
Par ce discours, Adrien Houngbédji réaffirme son rôle de vigie démocratique.
Il remet sur la table la nécessité d’un débat national sur les conditions de participation aux élections, les droits de l’opposition, et les fondements d’un véritable pluralisme politique.
Un message reçu cinq sur cinq par une jeunesse en quête d’alternatives et de nouveaux repères.
Une conviction ancienne ou un réveil tardif ?
Mais si ses propos frappent aujourd’hui par leur justesse, ils n’échappent pas à la controverse.
Ce n’est pas la première fois que Me Houngbédji évoque la situation des prisonniers politiques.
Lors d’une cérémonie de présentation de vœux en février 2025 avec les cadres de son ex-parti, le PRD, il déclarait déjà :
« Ma conviction forte, c’est que les prisonniers politiques, il faut les sortir. Ma conviction forte, c’est que ceux qui sont en exil, il faut qu’ils reviennent. C’est comme ça que nous avions fait la Conférence nationale. J’en appelle de mes vœux à ce que nous nous retrouvions sous l’arbre à palabres, que nous mettions tout sur table, que nous discutions de ce qui nous oppose les uns aux autres, que nous trouvions les solutions qui permettent à tous les enfants du Bénin de rester ensemble pour construire le Bénin. Voilà mon rêve et voilà le rêve du PRD. »
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