Bénin/Niger: Tiani accuse Patrice Talon de chercher un autre mandat
- Towanou Johannes
- Jun 2
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Dans une déclaration télévisée diffusée samedi sur la RTN (Radio Télévision du Niger), le général Abdourahamane Tiani est monté au créneau, mêlant compassion, mise en garde et accusations directes.
À travers un ton résolument ferme, le président de la transition nigérienne a affirmé que la fermeture de la frontière avec le Bénin ne visait ni le peuple béninois, ni un quelconque ressentiment national, mais une réponse à une « logique de domination étrangère ».
Pourtant, derrière cette déclaration de principe, Tiani a livré une attaque frontale contre le président béninois Patrice Talon, dans des termes d’une rare virulence.
« Nous n'avons rien contre le Bénin… mais si Patrice Talon pense qu'en sacrifiant des Béninois, il peut s'offrir un troisième mandat, c'est son choix. »
Une phrase lourde de sens, qui insinue une manipulation politique de la situation régionale à des fins personnelles.
Selon Tiani, les manœuvres du chef d’État béninois, loin d’être neutres, seraient dictées par des ambitions politiques inavouées.
Le Bénin présenté comme une marionnette de Paris
Au cœur des accusations du chef de la junte nigérienne : la présence supposée de troupes françaises sur le territoire béninois.
Tiani affirme que la véritable cible de la fermeture de la frontière, ce sont ces forces étrangères prétendument stationnées dans le nord du Bénin.
« Ce n’est pas contre le Bénin, c’est contre les troupes françaises de déstabilisation. »
Il poursuit en dénonçant ce qu’il considère comme une trahison des élites africaines, devenues des relais des puissances étrangères.
« Il est temps de mettre fin à cette collaboration servile. Comme les appelait Son Excellence Ibrahim Traoré, ce sont des esclaves du salon. Ils doivent libérer le salon. »
Par cette déclaration, Tiani s’inscrit pleinement dans la rhétorique des régimes de l’Alliance des États du Sahel (AES), au sein de laquelle lui, Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Assimi Goïta (Mali) développent une idéologie de rupture radicale avec l’Occident.
Un plaidoyer pour la souveraineté économique
Tiani a également voulu montrer qu’au-delà des postures, il existe une ambition concrète : rendre l’Afrique autonome par la maîtrise de ses ressources.
Selon lui, l’Afrique n’a nul besoin de ses anciens tuteurs si elle exploite efficacement son potentiel :
« Nous avons toutes les ressources. Et si nous les exploitons de façon efficiente, à travers une bonne gouvernance, nous pouvons nous en passer. »
Ce discours de rigueur interne, d’exploitation raisonnée des ressources et de rejet des influences étrangères rejoint les discours panafricanistes croissants, notamment auprès de la jeunesse.
Mise au point sur le Nigéria et attaque contre les critiques internes
Répondant aux accusations d’un double standard dans la gestion des frontières (certains observateurs soulignant que les échanges avec le Nigéria restaient ouverts), Tiani a rectifié :
« Tous ceux qui disent que de l'autre côté du Nigéria, la frontière est ouverte, n'ont qu'à s'approcher du service de la douane route d'Osso. Ils comprendront qu'il n'en est rien. »
Et pour les critiques internes, il est tout aussi sévère :
« Les décisions ne sont pas prises à la légère. Elles s’appuient sur des renseignements analysés et croisés. »
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