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Bénin/Niger: Tiani accuse Patrice Talon de chercher un autre mandat

Abdourahamane Tiani / Patrice Talon
Abdourahamane Tiani / Patrice Talon


Dans une déclaration télévisée diffusée samedi sur la RTN (Radio Télévision du Niger), le général Abdourahamane Tiani est monté au créneau, mêlant compassion, mise en garde et accusations directes.


À travers un ton résolument ferme, le président de la transition nigérienne a affirmé que la fermeture de la frontière avec le Bénin ne visait ni le peuple béninois, ni un quelconque ressentiment national, mais une réponse à une « logique de domination étrangère ».


Pourtant, derrière cette déclaration de principe, Tiani a livré une attaque frontale contre le président béninois Patrice Talon, dans des termes d’une rare virulence.

« Nous n'avons rien contre le Bénin… mais si Patrice Talon pense qu'en sacrifiant des Béninois, il peut s'offrir un troisième mandat, c'est son choix. »


Une phrase lourde de sens, qui insinue une manipulation politique de la situation régionale à des fins personnelles.


Selon Tiani, les manœuvres du chef d’État béninois, loin d’être neutres, seraient dictées par des ambitions politiques inavouées.


Le Bénin présenté comme une marionnette de Paris


Au cœur des accusations du chef de la junte nigérienne : la présence supposée de troupes françaises sur le territoire béninois.


Tiani affirme que la véritable cible de la fermeture de la frontière, ce sont ces forces étrangères prétendument stationnées dans le nord du Bénin.

« Ce n’est pas contre le Bénin, c’est contre les troupes françaises de déstabilisation. »


Il poursuit en dénonçant ce qu’il considère comme une trahison des élites africaines, devenues des relais des puissances étrangères.

« Il est temps de mettre fin à cette collaboration servile. Comme les appelait Son Excellence Ibrahim Traoré, ce sont des esclaves du salon. Ils doivent libérer le salon. »


Par cette déclaration, Tiani s’inscrit pleinement dans la rhétorique des régimes de l’Alliance des États du Sahel (AES), au sein de laquelle lui, Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Assimi Goïta (Mali) développent une idéologie de rupture radicale avec l’Occident.


Un plaidoyer pour la souveraineté économique


Tiani a également voulu montrer qu’au-delà des postures, il existe une ambition concrète : rendre l’Afrique autonome par la maîtrise de ses ressources.


Selon lui, l’Afrique n’a nul besoin de ses anciens tuteurs si elle exploite efficacement son potentiel :

« Nous avons toutes les ressources. Et si nous les exploitons de façon efficiente, à travers une bonne gouvernance, nous pouvons nous en passer. »


Ce discours de rigueur interne, d’exploitation raisonnée des ressources et de rejet des influences étrangères rejoint les discours panafricanistes croissants, notamment auprès de la jeunesse.


Mise au point sur le Nigéria et attaque contre les critiques internes


Répondant aux accusations d’un double standard dans la gestion des frontières (certains observateurs soulignant que les échanges avec le Nigéria restaient ouverts), Tiani a rectifié :

« Tous ceux qui disent que de l'autre côté du Nigéria, la frontière est ouverte, n'ont qu'à s'approcher du service de la douane route d'Osso. Ils comprendront qu'il n'en est rien. »


Et pour les critiques internes, il est tout aussi sévère :

« Les décisions ne sont pas prises à la légère. Elles s’appuient sur des renseignements analysés et croisés. »


Une manière de disqualifier ceux qui, même au Niger, s'interrogent sur la cohérence ou l’efficacité des choix diplomatiques de la junte.


Tiani rattrapé par ses propres mensonges


Mais si Tiani affirme que ses décisions sont basées sur des « renseignements croisés », plusieurs épisodes récents viennent fragiliser cette crédibilité.


Notamment, lorsqu’il avait annoncé des coordonnées géographiques précises prétendument destinées à prouver la présence de bases françaises au nord du Bénin.


Il s’est avéré, après vérification satellitaire, que ces coordonnées ne correspondaient à aucune activité militaire et ne tombaient même pas sur le territoire béninois.


Ce recours aux informations falsifiées ou non vérifiées n’est pas un cas isolé dans le Sahel depuis l'avènement des militaires.


Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré a lui aussi, à plusieurs reprises, diffusé des accusations infondées.


Au Mali, le Général Assimi Goïta n'est pas en reste, avec son annonce péremptoire de coupures d'électricité récurrentes en France à caude du départ des soldats français du Mali.


Ces pratiques, qui relèvent davantage de la propagande que de la stratégie militaire, décrédibilisent les discours de souveraineté et alimentent la confusion dans une région déjà fragilisée par les conflits et la désinformation.


Entre populisme militaire et stratégie d’isolement


Le discours de Tiani frappe fort. Il renforce une posture souverainiste très prisée dans l’espace sahélien, en particulier chez les partisans d’une rupture avec l’ordre post-colonial.


Mais cette radicalité soulève de nombreuses questions. En ciblant Patrice Talon personnellement, Tiani transforme une crise diplomatique en attaque frontale.


Ce type de rhétorique ferme la porte à la réconciliation et jette de l’huile sur le feu.


En coupant les ponts avec le Bénin, et en entretenant un climat de méfiance même avec des voisins comme le Nigéria, le Niger s’expose à une marginalisation progressive.


Or, l’économie nigérienne a besoin de ses voisins. Si la dénonciation de l’influence française est virulente, le silence sur la présence croissante de la Russie dans l’AES interroge.


Le rejet de l’Occident se fait-il au profit d’une nouvelle tutelle non assumée ?


Conclusion : une souveraineté qui cherche ses repères


Le général Tiani se pose en héraut d’une Afrique libre, debout, affranchie des chaînes coloniales.


Un discours porteur, galvanisant, mais dont la radicalité pourrait finir par desservir ses propres objectifs.


La souveraineté est une aspiration légitime, mais elle exige une stratégie de paix, de coopération intelligente, et de stabilité.


Dans le bras de fer engagé avec le Bénin, la ligne rouge semble désormais franchie.


Reste à savoir si la tension servira l’Afrique… ou la divisera davantage.






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