En pleine révélation sur sa gestion, Macky Sall critique Faye et Sonko
- Towanou Johannes
- 5 days ago
- 3 min read

En marge de l’installation du Secrétariat exécutif national (SEN) de l’Alliance pour la République (APR), l’ancien président Macky Sall est sorti de son silence pour lancer une charge virulente contre le régime en place.
Dans un message empreint de gravité, il a dénoncé « l’addiction à la violence » et « le déni des valeurs » du nouveau pouvoir, qu’il accuse de menacer « la cohésion nationale ».
Selon lui, « le nouveau pouvoir a déçu une bonne partie de la population. Pire encore, il agresse les libertés démocratiques élémentaires et anéantit les avancées démocratiques conquises par le peuple sénégalais. La République se dérobe. Notre modèle démocratique s’est effondré, notamment quand on parle d’un Parti-État. »
Un discours relayé et amplifié par Me Sidiki Kaba, porte-parole de l’ancien président, qui a regretté « les dérapages et dérives du nouveau régime ».
Il a affirmé que Macky Sall avait laissé « un formidable héritage » à la nation sénégalaise, avant d’ajouter : « Cet héritage ne saurait être détruit ni par l’amateurisme, ni par la haine. »
Mais de quel héritage parle Macky Sall ?
Les récentes déclarations du Fonds monétaire international (FMI) viennent sérieusement nuancer, voire contredire, cette version flatteuse de l’histoire.
En effet, lors d’une conférence tenue le 6 novembre à Dakar, Edward Gemayel, chef de mission du FMI au Sénégal, a révélé l’existence d’une dette cachée de près de 7 milliards de dollars, accumulée entre 2019 et 2024 sous le régime de Macky Sall.
« On n’a jamais vu une dette cachée de cette importance en Afrique », a-t-il déclaré à RFI, soulignant que cette situation inédite compliquait aujourd’hui la conclusion d’un nouvel accord de prêt avec le Sénégal.
Autrement dit, c’est l’ancienne gestion économique qui place aujourd’hui le pays dans une situation financière précaire.
Un “héritage” lourd de conséquences
Cette révélation du FMI tombe au pire moment pour les partisans de l’ancien chef d’État.
Le Sénégal, déjà fragilisé par des dettes colossales, voit sa note financière dégradée à trois reprises en un an par l’agence Moody’s, qui pointe « l’augmentation des risques concernant la trajectoire d’endettement ».
Le FMI, tout en restant engagé aux côtés du pays, a exigé la mise en place de mesures correctrices.
Il s'agit de la centralisation de la gestion de la dette au sein d’un seul ministère, la publication des audits, et la transparence budgétaire.
Ces conditions témoignent clairement du manque de rigueur et de sincérité comptable du précédent régime.
La duplicité d’un ancien président en quête de justification

À la lumière de ces faits, la posture de Macky Sall apparaît pour beaucoup comme paradoxale, voire cynique.
Peut-on sérieusement accuser le nouveau pouvoir d’affaiblir la République quand on laisse derrière soi des dettes dissimulées, une crise budgétaire et une confiance internationale ébranlée ?
Le FMI, institution apolitique, ne s’appuie pas sur des impressions mais sur des chiffres vérifiables.
Et ces chiffres attestent d’une gestion économique qui a volontairement occulté une partie de la dette, plongeant aujourd’hui le Sénégal dans une situation critique.
Pendant que l’ancien président s’érige en donneur de leçons, son “formidable héritage” se révèle être un fardeau que les nouvelles autorités doivent maintenant assumer et réparer.
Conclusion : le réveil brutal d’un mythe
Le contraste est saisissant entre le discours triomphaliste de Macky Sall et les constats alarmants du FMI.
Derrière les mots d’un homme qui se pose en garant de la démocratie, se cachent des années d’opacité financière et une dette historique qui étouffe aujourd’hui le pays.
L’histoire retiendra sans doute qu’avant de dénoncer les “dérives” de ses successeurs, l’ancien président aurait dû d’abord répondre de celles de sa propre gouvernance.









Comments