Guinée Bissau / coup d'État : Umaro Sissoco Embaló arrêté
- Towanou Johannes
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La Guinée-Bissau vient de replonger dans une zone de turbulence majeure. Ce mercredi 26 novembre 2025, le président sortant Umaro Sissoco Embaló a annoncé avoir été arrêté dans son bureau du palais présidentiel, en même temps que plusieurs hauts responsables de l’appareil sécuritaire.
Parmi les personnes interpellées figurent le chef d’état-major général, le vice-chef d’état-major et le ministre de l’Intérieur, selon les informations confirmées par plusieurs médias régionaux.
Des tirs nourris ont résonné autour du palais et dans certains quartiers stratégiques de Bissau, alimentant la thèse d’une opération militaire coordonnée visant à neutraliser l’ensemble du commandement civil et sécuritaire.
Un coup d’État en pleine crise post-électorale
Ce putsch intervient trois jours seulement après les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, un scrutin déjà sous tension.
Les résultats définitifs n’avaient pas encore été publiés et les deux principaux candidats, Umaro Sissoco Embaló et l’opposant Fernando Dias da Costa, déclaraient chacun avoir remporté le vote.
Cette situation explosive, combinée à une méfiance profonde entre l’exécutif et une partie des forces armées, a créé un terrain favorable à une action de force.
Déjà fin octobre, plusieurs officiers supérieurs avaient été arrêtés pour un présumé complot de coup d’État.
Leur procès n’avait pas encore débuté que le pays se retrouvait de nouveau au bord du gouffre.
Une opération militaire méthodique
Les premières heures du putsch montrent une stratégie claire : neutraliser les figures institutionnelles centrales, couper les relais sécuritaires du président, isoler rapidement le pouvoir civil, installer un contrôle militaire autour des bâtiments stratégiques.
Les tirs entendus près du palais présidentiel et du siège de la Commission électorale témoignent d’une opération qui s’est déroulée dans un climat de tension extrême, sans que l’issue ne soit encore totalement clarifiée.
À l’heure actuelle, aucune faction militaire n’a revendiqué publiquement l’opération. Les putschistes restent silencieux, un scénario qui laisse penser à une prise de contrôle interne menée par un groupe structuré au sein de l’armée.
Le pays replonge dans son cycle d’instabilité
La Guinée-Bissau, régulièrement secouée par des coups d’État depuis son indépendance, se retrouve une nouvelle fois confrontée à un vide institutionnel.
Le renversement d’Embaló pourrait ouvrir la voie soit à un nouveau pouvoir militaire, soit à une transition sous contrôle, soit à une lutte interne entre factions rivales.
La population, déjà éprouvée par des années d’incertitudes, redoute un retour aux violences politiques, aux blocages administratifs et aux ruptures dans les services de base.
Une crise qui dépasse les frontières
L’onde de choc dépasse largement Bissau. Dans une région ouest-africaine déjà fragilisée par les putschs successifs au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée, cette nouvelle déstabilisation soulève des inquiétudes majeures.
Les partenaires craignent une extension du risque d’effondrement institutionnel et une fragilisation accrue de la CEDEAO, déjà divisée sur sa stratégie à adopter face aux régimes militaires.
Nouvelle période d'incertitudes
Alors que Bissau reste dans le flou total, plusieurs questions cruciales attendent encore des réponses :
Qui dirige réellement le pays ? Le coup d’État bénéficie-t-il d’un soutien large au sein de l’armée ? Qu’adviendra-t-il des résultats électoraux encore non publiés ? Les putschistes annonceront-ils une transition ou un pouvoir militaire direct ?
La situation reste extrêmement évolutive. Les prochaines heures seront décisives pour comprendre si ce coup d’État ouvre une transition contrôlée ou si la Guinée-Bissau s’enfonce dans un nouveau cycle de confrontation politique et militaire.
