Kabila ressurgit à Goma: ses premières images diffusées

Joseph Kabila Kabange / Président Honoraire de la RDC

Après plusieurs jours de mystère autour de son déplacement dans l’Est de la République Démocratique du Congo, les premières images de Joseph Kabila à Goma viennent enfin d’être révélées au public.

L’ancien chef de l’État a été photographié à Kinyogote, une localité en périphérie du chef-lieu du Nord-Kivu, dans un cadre soigneusement choisi pour sa première apparition publique depuis des mois.

Ce rendez-vous tenu devant les caméras marque un tournant : Kabila, jusque-là silencieux et invisible, brise le mutisme dans une région historiquement liée à son parcours.

Aucune vidéo, aucune confirmation officielle n’avait filtré jusque-là. Le voile est désormais levé : Joseph Kabila est bel et bien de retour, et il l’assume.

Rencontre avec les leaders religieux : un signal fort ?

Au cœur de cette première sortie publique, une rencontre interconfessionnelle soigneusement orchestrée.

Joseph Kabila, entouré de représentants des confessions religieuses

Toutes les confessions religieuses représentées dans la région auraient répondu présentes à l’appel de l’ancien président.

Dans une province meurtrie par l’insécurité, les conflits armés et la crise humanitaire, ce tête-à-tête avec les figures morales locales envoie un message à plusieurs niveaux.

Cette prise de contact marque peut-être un premier jalon dans une stratégie de reconquête des cœurs et des territoires.

Une manière pour Kabila de rappeler qu’il reste une figure politique capable de rassembler, malgré la tempête judiciaire qui s’annonce.

Un retour sous pression judiciaire

Ce déplacement à Goma ne peut être analysé sans mentionner un fait politique majeur : le 22 mai dernier, le Sénat congolais a levé les immunités de Joseph Kabila, sénateur à vie depuis la fin de son second mandat en 2019.

Ce vote écrasant, 88 voix pour, 5 contre, ouvre la voie à des poursuites pour des faits extrêmement graves : trahison, participation à un mouvement insurrectionnel, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, notamment en lien avec son soutien présumé au groupe rebelle M23.

Ce contexte donne une autre lecture de cette réapparition publique. Kabila cherche-t-il à rappeler son ancrage populaire face à la menace judiciaire ?

À regagner une légitimité morale dans une zone qui lui est historiquement favorable ? Ou à montrer qu’il n’est pas du genre à fuir ?

Goma, une terre symbolique pour Kabila

Le choix du Nord-Kivu n’est pas anodin. C’est dans cette région que Kabila avait consolidé son pouvoir dans les années 2000, lorsque la RDC était fragmentée par la guerre.

Sa base militaire, politique et sécuritaire y était solide. Revenir à Goma, c’est retourner aux origines, là où son parcours présidentiel a pris racine.

Et ce signal est d’autant plus fort que la région est aujourd’hui sous pression du M23, un groupe armé soupçonné d’avoir bénéficié de complicités internes au plus haut niveau… à l’époque de la présidence Kabila.

Et maintenant ?

Aucune déclaration officielle n’a encore été prononcée, mais les images sont claires : Joseph Kabila est entré à nouveau en scène.

Reste à savoir s’il s’agit du prélude à une campagne de riposte politique, d’une tournée de réconciliation, ou d’un baroud d’honneur face à la justice.

Quoi qu’il en soit, Goma est devenue, une fois encore, le théâtre d’une manœuvre politique millimétrée.

Dans un pays où les symboles comptent autant que les discours, l’ancien président a lancé un message muet mais puissant : il est toujours là, et il ne se cache pas.

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