Pour en finir avec les conflits, la Cedeao partage son expertise à Addis-Abeba

Crédit photo : Cedeao

La question de la paix en Afrique était au centre des échanges lors d’une rencontre organisée par Chatham House et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) à Addis-Abeba, en marge de la 38ᵉ Assemblée des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine.

Placée sous le thème « Processus de paix en Afrique : perspectives d'accords durables pour mettre fin aux conflits », cette rencontre a rassemblé plusieurs personnalités africaines engagées dans la médiation et la résolution des crises sur le continent.

Parmi les participants figuraient notamment le Président de la Commission de la CEDEAO, S.E. Dr Omar Alieu Touray, ainsi que le Commissaire Abdel Fatau Musah, en charge des Affaires Politiques, Paix et Sécurité de la CEDEAO.

L’expertise de la CEDEAO en matière de négociation de paix

Lors de son intervention, Dr Omar Alieu Touray a mis en avant l’expérience accumulée par la CEDEAO dans la gestion des conflits en Afrique de l’Ouest.

Dr Omar Alieu Touray / Président de la Commission de la Cedeao, au pupitre

Il a rappelé les nombreux accords de paix facilités par l’organisation, notamment au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée-Bissau et en Gambie.

Il a souligné quatre leçons essentielles tirées des processus de paix dans la région :

La résistance de certains acteurs politiques qui perçoivent la paix comme une menace pour leur pouvoir.

Le manque d’engagement des parties prenantes, souvent hésitantes à s’impliquer pleinement dans le processus de résolution du conflit.

L’importance d’offrir des garanties aux belligérants, tout en veillant à l’application stricte des sanctions en cas de non-respect des accords.

La nécessité d’un garant solide, qu’il s’agisse d’une institution ou d’un pays, chargé d’assurer l’application et la pérennité de l’accord de paix.

Des perspectives pour une paix durable en Afrique

Outre la CEDEAO, d’autres experts ont partagé leur vision sur les défis liés aux négociations de paix en Afrique.

Dr Mohamed Ibn Chambas, ancien Représentant spécial des Nations Unies en Afrique de l’Ouest, a évoqué les succès obtenus dans les négociations de paix au Mozambique.

Il a insisté sur la nécessité d’une approche inclusive, impliquant les jeunes et les femmes dans les mécanismes de résolution des conflits, ainsi que sur l’importance d’un système d’alerte précoce et d’une harmonisation des stratégies de médiation.

De son côté, le Professeur Ibrahim Gambari a critiqué le déséquilibre des financements dans le domaine de la paix en Afrique.

Il a regretté que les ressources soient principalement allouées à la gestion des conflits plutôt qu’à leur prévention.

Il a plaidé pour un investissement accru dans les processus de justice transitionnelle, l’identification et la résolution des causes profondes des conflits et le renforcement des capacités des médiateurs africains.

Un continent toujours marqué par les conflits

L’Union Africaine, à travers son initiative « Silence les armes », ambitionne de faire taire les conflits sur le continent afin d’assurer un développement économique et social durable.

Cependant, les défis restent immenses : le nombre de conflits armés en Afrique a presque doublé depuis 2013, passant de 15 à 28.

S’appuyant sur une étude conjointe de Chatham House et du PNUD intitulée « Lessons Learned », cette rencontre a permis d’analyser les facteurs clés qui influencent la durabilité des processus de paix.

Les discussions ont notamment porté sur le rôle des Communautés Économiques Régionales (CER) et de l’Union Africaine dans la résolution des crises, en collaboration avec des partenaires internationaux et des leaders africains.

Les conclusions de ces échanges devraient permettre d’améliorer les approches existantes et d’identifier des stratégies plus efficaces pour garantir une paix durable sur le continent.

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