Sans le Mali, le Niger et le Faso, la Cedeao ira beaucoup mieux selon...
- Towanou Johannes
- Apr 24
- 3 min read

C'est une déclaration forte au cœur d’une session extraordinaire. Réunis à Accra pour une session extraordinaire du Conseil des ministres de la CEDEAO, les dirigeants ouest-africains ont affronté de front la plus grave secousse politique que l’organisation ait connue depuis sa création. Le retrait officiel du Burkina Faso, du Mali et du Niger impose à l’organisation régionale de redéfinir ses priorités, ses outils et son avenir. Mais pour Yusuf Maitama Tuggar, président du Conseil des ministres et ministre nigérian des Affaires étrangères, cette crise est une opportunité cachée.
« Ce n’est pas l’issue que nous espérions. Mais nous devons transformer ce moment en opportunité de renouveau. »
Une déclaration pleine de lucidité et d'assurance devant ses homologues.
Une réalité imposée par la souveraineté des États
La CEDEAO n’a pas voulu cette séparation. Elle la subit, mais refuse de s’effondrer.

Yusuf Maitama Tuggar a reconnu que la volonté exprimée par les régimes militaires sahéliens ne pouvait être contestée.
« C’est une question de choix et d’exercice de souveraineté par ces gouvernements. Nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter leur volonté. »
Toutefois, il refuse que ce départ affaiblisse durablement la dynamique d’intégration régionale.
« Ne nous laissons pas distraire par un événement. Concentrons-nous sur les processus et les stratégies bénéfiques à long terme pour tous les États membres. »
Une CEDEAO à reconstruire sur des bases solides
Cette session extraordinaire, organisée dans le cadre du lancement du jubilé des 50 ans de la CEDEAO, vise à poser les fondations d’une nouvelle phase.
Elle doit définir les modalités précises du retrait des trois pays, tout en mettant en œuvre un plan de contingence robuste.
Parmi les points discutés figurent la relocalisation des agences et institutions de la CEDEAO actuellement établies au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les impacts potentiels sur la libre circulation régionale, ainsi que la suspension des programmes de coopération en cours dans ces États.
Un plan de contingence 100 % ouest-africain
Le président de la Commission de la CEDEAO, Dr Omar Alieu Touray, a insisté sur l’indépendance stratégique de la réponse de la communauté.
Il a précisé que le plan de contingence a été entièrement conçu par les institutions de la CEDEAO, sans appui extérieur.
Il englobe les dimensions juridiques, institutionnelles, financières, humaines, mais aussi des secteurs clés comme la sécurité, la santé, l’éducation, l’agriculture et l’économie régionale.
Il a appelé les États membres à rester fidèles à leur mission : « Les États membres doivent agir en gardant à l’esprit uniquement l’intérêt collectif des peuples ouest-africains », a-t-il exhorté.
Le rappel des acquis de la CEDEAO
Malgré la tourmente, les autorités ont tenu à rappeler les succès de la CEDEAO en 50 ans d’existence.
Libre circulation des personnes, harmonisation des politiques économiques, intégration sociale, coordination sécuritaire, infrastructures communes : les fondations existent.
Yusuf Maitama Tuggar l’a souligné avec force :
« L’Afrique de l’Ouest reste la région la plus intégrée du continent. Ce n’est pas la première fois que notre unité est testée, ni la dernière. »
Une mise en garde à peine voilée
Sans les nommer directement, Yusuf Maitama Tuggar a aussi prévenu les pays qui ont quitté la CEDEAO que la rupture ne serait pas sans conséquence.
« L’appartenance, comme le dit l’adage, a ses privilèges », a-t-il lancé, rappelant que la CEDEAO offre un cadre unique de coopération politique, économique et stratégique que peu d’alternatives pourraient égaler.
Avant toute discussion future avec l’Alliance des États du Sahel (AES), il a insisté :
« Le retrait des trois pays doit être pleinement acté avant toute reconsidération du type de relation collective que la CEDEAO pourrait envisager avec eux ».
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