Soutien à Romuald Wadagni: Adrien Houngbedji sort du bois et recadre

Adrien Houngbedji / Ancien Président de l'Assemblée nationale

À moins de sept mois des élections générales d’avril 2026, le paysage politique béninois continue de se redessiner au rythme des prises de position et des manœuvres stratégiques.

Alors que la désignation de Romuald Wadagni comme candidat de la mouvance présidentielle a créé une onde de choc dans la classe politique, l’ancien président de l’Assemblée nationale et figure historique du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), Adrien Houngbédji, a tenu à clarifier sa position.

Depuis Toronto (Canada), où il séjourne pour raisons familiales, le vétéran de la politique béninoise a publié, le 19 septembre 2025, une déclaration qui sonne comme un recadrage ferme face aux rumeurs lui attribuant déjà un soutien au candidat de la majorité.

« L’empathie n’est pas un engagement politique »

Dans ce communiqué, Adrien Houngbédji dénonce les informations selon lesquelles il aurait décidé de soutenir un candidat « parce qu’il est un ami de vieille date » et lui a rendu une visite de courtoisie après sa désignation.

« L’empathie pour une personne est une chose ; l’engagement politique aux côtés de cette personne en est une autre », affirme-t-il.

Pour l’ancien président du PRD, une élection présidentielle ne se résume pas à des affinités personnelles.

Elle engage « le destin d’un peuple » et impose de juger les prétendants sur leurs visions, leurs projets de société et leur capacité à rassembler les Béninois.

À ce jour, rappelle-t-il, un seul candidat est officiellement désigné, mais « ce candidat n’a pas encore rendu public un projet de société ni un programme ».

Un contexte politique chargé

La mise au point d’Adrien Houngbédji intervient dans un climat où les regards sont tournés vers Romuald Wadagni, actuel ministre d’État, désigné candidat de la mouvance présidentielle pour succéder à Patrice Talon.

Cette clarification est d’autant plus scrutée que le PRD d’Adrien Houngbédji a rejoint l’Union Progressiste Le Renouveau (UPR), le plus grand parti de la majorité présidentielle dirigé par Maître Joseph Djogbénou, ancien président de la Cour constitutionnelle.

Cette alliance avait déjà nourri des spéculations sur un ralliement automatique du PRD à la candidature de Romuald Wadagni.

La sortie du leader du PRD depuis Toronto apparaît donc comme un signal calculé, laissant entendre qu’aucun engagement officiel n’est, pour l’instant, acquis.

Un choix collectif et soumis à des valeurs

Adrien Houngbédji insiste sur le caractère collectif de sa future décision :

« Je ne suis pas un homme seul qui décide seul de tout. Ce courant politique a des militants et des sympathisants. Le combat que je mène et le calvaire que j’endure sont aussi leur combat et leur calvaire. Je dois discuter du futur choix avec eux, afin que mon choix soit aussi leur choix, car ils ne sont pas des moutons de pannage. »

Il rappelle également avoir, à deux reprises, affirmé publiquement son attachement à des valeurs et des règles précises, qui devront être prises en compte par les différents candidats avant toute prise de position de sa part.

Un message à double portée

En apparence, Adrien Houngbédji se contente d’appeler à la prudence et au respect du processus démocratique.

Mais en filigrane, sa déclaration résonne comme un avertissement : malgré l’alliance du PRD avec l’UPR, son soutien à Romuald Wadagni n’est pas acquis d’avance.

Dans un contexte où la mouvance présidentielle cherche à afficher l’unité autour de son candidat, la posture du leader du PRD rappelle que, même au sein de la majorité, le rapport de force et la négociation restent essentiels.

À quelques mois d’un scrutin décisif, cette sortie depuis l’étranger confirme que la bataille des alliances est loin d’être terminée.

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