Sénégal : un limogeage marque la fracture entre Diomaye Faye et Ousmane Sonko
- Towanou Johannes
- 10h
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La décision du président Bassirou Diomaye Faye de limoger Aïda Mbodj, présidente de la coalition « Diomaye Président », a jeté une ombre sur l’unité de la majorité au pouvoir.
Cette mesure, annoncée sans concertation apparente avec le Premier ministre Ousmane Sonko, a été perçue comme un acte de rupture symbolique au sein du duo qui dirige le Sénégal depuis mars 2024.
Quelques jours avant cette décision, Ousmane Sonko avait pourtant assuré publiquement qu’aucun changement ne serait opéré à la tête de la coalition, réaffirmant sa confiance en Aïda Mbodj.
Le geste de Diomaye Faye apparaît donc comme une mise au point politique : il entend rappeler que le pouvoir exécutif reste entre ses mains et qu’il ne saurait être influencé, fût-ce par son Premier ministre.
Le Pastef contre-attaque
Face à cette décision présidentielle, le parti Pastef n’a pas tardé à réagir, rejetant l’autorité du chef de l’État sur la coalition.
Dans un communiqué sans ambiguïté, les responsables du parti ont rappelé que le président de la République « n’a pas le pouvoir de limoger la présidente d’une coalition politique ».
Cette sortie traduit une tension interne de plus en plus visible, où les lignes de compétence et d’autorité semblent s’entrechoquer entre l’appareil d’État et la structure partisane.
Un signal politique fort
Pour de nombreux observateurs, Bassirou Diomaye Faye cherche par ce geste à affirmer son indépendance politique face à Ousmane Sonko.
Ce limogeage serait une manière de marquer son territoire après plusieurs semaines de tiraillements internes.
Ceci, notamment autour du sort de certains ministres comme Abdourahmane Diouf et Mimi Touré, que Sonko souhaitait écarter du gouvernement.
En maintenant ces figures controversées dans son entourage, le président sénégalais envoie un message clair.
Il refuse d’être perçu comme un simple prolongement du Pastef et veut s’imposer comme un chef d’État à part entière, maître de ses décisions.
Une cohabitation sous tension
Si Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont toujours affiché une unité de façade, cette nouvelle affaire révèle des divergences profondes sur la gouvernance et le partage du pouvoir.
Entre un président soucieux de son autonomie institutionnelle et un Premier ministre fidèle à la ligne militante du Pastef, la cohabitation devient de plus en plus délicate.
L’épisode Aïda Mbodj pourrait bien marquer un tournant dans cette alliance née de la lutte politique.
Alors que les partisans du changement attendent des réformes concrètes, le pouvoir exécutif sénégalais semble désormais miné par une rivalité silencieuse, mais de plus en plus visible.





