Martin Kabwelulu, ancien ministre des Mines de la République démocratique du Congo de 2007 à 2019 sous la présidence de Joseph Kabila, a été arrêté tôt ce matin, à 3h, par des agents non identifiés dans la capitale congolaise. Sa destination et les motifs officiels de son interpellation restent inconnus à ce stade.
Kabwelulu, une figure de l’ère Kabila
Membre influent du Parti Lumumbiste Unifié (PALU), Martin Kabwelulu a été à la tête du ministère des Mines pendant douze ans, supervisant plusieurs réformes majeures, dont le controversé Code minier de 2018, qui a renforcé les taxes imposées aux compagnies minières étrangères.
Depuis son départ du gouvernement en 2019, il occupait un siège à l’Assemblée nationale.
Son nom a été associé à plusieurs affaires sensibles, notamment la vente en 2011 de 30 % des parts des mines de Frontier et Lonshi à une société-écran basée à Hong Kong.
Cette transaction, estimée à l’époque à 1,6 milliard de dollars, aurait été conclue pour seulement 30 millions de dollars, suscitant de vives critiques.
Une série d’arrestations qui interpelle
Cette arrestation survient dans un contexte de tension politique croissante en RDC.
Elle fait suite à la condamnation de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo à 10 ans de prison le 20 mai dernier dans l’affaire Bukanga-Lonzo.
L’interpellation de Kabwelulu, opérée à l’aube par des agents dont l’identité reste floue, soulève des inquiétudes quant au respect des procédures judiciaires.
Certains y voient les signes d’une opération de plus grande envergure visant à écarter les figures marquantes de l’ancien régime.
Vers une instrumentalisation de la justice ?
Martin Kabwelulu pourrait être visé pour des faits présumés de corruption, notamment autour de la gestion de la MIBA (Minière de Bakwanga), en difficulté depuis 2008.
Toutefois, l’heure inhabituelle de son arrestation et l’opacité de la procédure posent la question de la transparence judiciaire en RDC.
Alors que le président Tshisekedi a récemment renforcé ses relations internationales, notamment via un accord trilatéral avec les États-Unis et le Rwanda, ces arrestations successives pourraient s’inscrire dans une volonté de consolidation du pouvoir en interne.
Le manque de confiance dans une justice jugée souvent politisée et corrompue alimente les soupçons d’une stratégie de purge politique.
Un climat politique sous pression
L’absence de communication officielle, combinée à l’interpellation de figures exclusivement liées à l’ancien régime de Joseph Kabila, pourrait fragiliser davantage un climat politique déjà tendu.
Si les poursuites sont fondées, elles nécessitent une transparence et un traitement conforme aux principes de l’État de droit.
Dans le cas contraire, ces arrestations risquent d’être perçues comme une manœuvre pour étouffer l’opposition et détourner l’attention des défis sécuritaires à l’Est du pays ou d’autres dossiers sensibles.
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