Ce mardi 1er juillet 2025, le parquet de Malabo a frappé fort. Au cœur d’un procès tentaculaire mêlant corruption d’État, abus de fonction et scandales sexuels, Baltasar Ebang Engonga, surnommé « Bello », est désormais menacé d’une lourde peine de 18 ans de prison.
L’affaire fait grand bruit en Guinée équatoriale. Ouvert la veille à Malabo, le procès dit « du Trésor » met en accusation plusieurs anciens hauts fonctionnaires de la DGAR.
À la tête de ce groupe d’accusés figure Baltasar Ebang Engonga, ex-directeur de cette institution stratégique entre 2015 et 2020, et figure bien connue du pouvoir.
Le ministère public ne mâche pas ses mots. Il accuse Ebang Engonga d’avoir organisé un vaste système de détournement de fonds publics à des fins personnelles, en collaboration avec plusieurs collègues de haut rang.
À lui seul, le parquet requiert 18 ans d’incarcération :
8 ans pour détournement de fonds,
4 ans et 5 mois pour enrichissement illicite,
6 ans et un jour pour abus de fonction.
S’y ajoute une amende astronomique de plus de 910 millions de francs CFA, ainsi qu’une interdiction d’exercer toute fonction publique durant la durée de sa peine.
Un procès sous haute tension
L’affaire ne s’arrête pas à des chiffres et des chefs d’accusation. Si le nom de Baltasar Ebang Engonga suscite autant d’attention, c’est aussi en raison de la dimension explosive du scandale sexuel qui l’accompagne.
Fin 2024, l’opinion publique découvrait, stupéfaite, plusieurs vidéos intimes montrant l’ancien haut fonctionnaire en pleine relation sexuelle dans son propre bureau officiel, parfois avec des femmes liées à des membres du gouvernement.
Ces enregistrements, retrouvés sur ses appareils électroniques saisis dans le cadre de l’enquête, ont fait l’effet d’un électrochoc dans le pays.
La diffusion de ces sextapes, devenue virale sur les réseaux sociaux, a déclenché une onde de choc nationale, ternissant l’image d’un pouvoir déjà fragilisé par de nombreuses affaires.
Une lignée politique puissante
Ce procès hors norme met également en lumière les tensions au sein du régime équato-guinéen.
Fils de Baltasar Engonga Edjo’o, président en exercice de la CEMAC (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale), et neveu du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, « Bello » incarne cette aristocratie politique accusée de confondre intérêts publics et privilèges privés.
Loin d’être un simple accusé, il devient le symbole d’un système à bout de souffle.
Le retentissement de ce procès dépasse ainsi les seules frontières judiciaires pour poser une question centrale : la Guinée équatoriale est-elle prête à tourner la page de l’impunité ?
Une défense sous pression
L’audience devrait durer trois jours. Selon certaines sources proches du dossier, la défense de Baltasar Ebang Engonga est assurée par l’avocat Maître Franck Darnod Nguimbi Mbenze, une figure du barreau équato-guinéen.
Son équipe dénonce un procès éminemment politique et rejette en bloc la validité des preuves présentées par l’accusation, notamment celles issues des perquisitions numériques.
Les prochains jours s’annoncent décisifs. Le verdict, très attendu, pourrait bouleverser l’équilibre interne du régime, et redessiner les lignes de l’appareil judiciaire du pays.
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